économie

Quand la Maison-Blanche joue la carte Bitcoin : la guerre monétaire numérique est lancée

Face à la Chine, Trump veut faire des cryptos une arme économique… Voici pourquoi ça change tout.

Publié le
5/3/25
, mis à jour le
5/3/25
March 5, 2025

Donald Trump remet une pièce dans la machine crypto. Non content d’avoir longtemps affiché son scepticisme vis-à-vis du Bitcoin, le nouveau président envisage désormais de constituer une réserve stratégique d’actifs numériques pour les États-Unis. Bitcoin, Solana, XRP et Cardano pourraient ainsi être collectés et stockés par l’État américain, à l’image des réserves de pétrole. Derrière cette annonce, se dessine une stratégie géopolitique et économique plus large : dominer le marché des monnaies numériques face à la Chine et préparer l’économie américaine aux mutations technologiques à venir. Un virage majeur qui pourrait redéfinir le rôle des cryptos dans le système financier international.  

Trump, Bitcoin et la guerre économique du futur 

Donald Trump n’a jamais été un grand fan du Bitcoin. Il l’a dit, redit, tweeté, et son administration n’a pas toujours brillé par sa bienveillance envers les cryptomonnaies. Et pourtant, voilà qu'il envisage une politique radicalement différente : baptiser certaines grandes cryptos comme actifs stratégiques de la puissance américaine.  

Le projet ? Créer une réserve nationale d’actifs numériques. Une idée qui tranche pourtant avec la posture républicaine classique qui envisage les cryptos comme des actifs market-driven, non étatiques. Mais cette fois, la dynamique est différente : il ne s’agit pas de réguler, mais de conserver.  

Pourquoi un tel revirement ? D’abord, l’influence grandissante de la Chine dans la finance numérique inquiète Washington. Pékin a lancé le digital yuan, sa propre monnaie numérique souveraine qui s’impose progressivement dans le commerce international, notamment avec les BRICS. Ensuite, la montée en puissance d’actifs comme Bitcoin, Solana et XRP dans l’économie mondiale force les États-Unis à s’adapter à une transformation inévitable.  

L’administration Trump veut donc anticiper et sécuriser l’avenir en dotant le pays d’une réserve stratégique de cryptomonnaies, à l’image du Strategic Petroleum Reserve qui constitue un stock national de pétrole brut en cas de crise énergétique. Une vision à contre-courant des politiques monétaires actuelles, mais qui pourrait s’avérer audacieuse voire prophétique.  

Les cryptos choisies par Trump : simple hasard ou stratégie bien pensée ?  

Une question doit être posée : pourquoi ces cryptomonnaies en particulier ? Solana (SOL), XRP et Cardano (ADA) font partie des candidats potentiels pour cette réserve numérique, aux côtés du Bitcoin. Cela démontre un changement de paradigme : les cryptos ne sont plus vues uniquement comme des actifs spéculatifs, mais bien comme des ressources stratégiques d’un nouvel ordre financier digitalisé.  

Mais les choix sont loin d’être anodins. Bitcoin domine le marché et s’impose comme la référence incontestée. Solana, avec son architecture ultra-rapide, séduit de plus en plus les investisseurs institutionnels. XRP, lui, est en plein bras de fer avec la SEC américaine mais reste un élément clé pour les paiements transfrontaliers menaçant à terme de reléguer SWIFT aux oubliettes. Quant à Cardano, il est souvent adoubé pour son approche scientifique et ses infrastructures solides.  

Avec cette sélection, Washington envoie un message fort : les cryptomonnaies seront des outils économiques et géopolitiques incontournables dans la décennie à venir. L’administration Trump veut s’assurer que le pays maîtrise à la fois la technologie sous-jacente et les effets d’une monétisation numérique à grande échelle.  

Une riposte face à la Chine ?  

Impossible de ne pas analyser cette initiative sous l’angle de la rivalité américano-chinoise. D’un côté, la Chine bannit le minage de Bitcoin sur son sol tout en développant une monnaie numérique souveraine. De l’autre, les États-Unis hésitent encore sur la direction à prendre, entre régulation stricte, adoption partielle et maintenant création d’une réserve.  

Le yuan numérique pose une menace potentielle aux systèmes financiers dominés par le dollar. Si Pékin parvient à imposer son actif numérique comme monnaie d’échange internationale, notamment via les pays émergents et les BRICS, l’hégémonie du dollar pourrait vaciller.  

Le projet d’une réserve de cryptos pourrait être une manière habile de sécuriser un levier d’influence économique sans pour autant se lancer dans l’émission d’un dollar numérique (CBDC). Une façon pour Trump de couper l’herbe sous le pied de la FED et d’imposer une approche privatisée de la finance numérique à l’inverse du modèle chinois centralisé.  

Un autre facteur, plus subtil mais tout aussi important, est la présence de lobbying crypto croissant auprès des dirigeants américains. Faut-il voir dans cette décision une simple manœuvre électorale pour séduire l’écosystème Web3 ? Peut-être. Toujours est-il que les enjeux technologiques et monétaires sont colossaux, et que l'administration Trump semble déterminée à ne pas laisser la Chine mener seule la danse.  

Quels impacts pour le marché crypto et la finance traditionnelle ? 

L’annonce a déjà provoqué une onde de choc sur le marché. Les actifs mentionnés dans les débats politiques ont bénéficié d’un léger pump, signe que les investisseurs perçoivent cette adoption institutionnelle comme un signal haussier. Si l’initiative venait à se concrétiser, cela changerait durablement la perception des cryptos vis-à-vis du grand public et des investisseurs institutionnels.  

Il ne faut pas non plus sous-estimer les répercussions sur la régulation. Si un État comme les États-Unis commence à accumuler des cryptomonnaies dans une réserve officielle, cela pourrait indirectement légitimer leurs usages, poussant à une acceptation législative plus large.  

Le marché pourrait aussi connaître un effet d’entraînement : si l’État américain considère Bitcoin, Solana ou XRP comme des valeurs refuges, d’autres grandes institutions pourraient accélérer leur adoption. À terme, la finance traditionnelle pourrait être amenée à intégrer des cryptomonnaies comme des actifs stratégiques semblables à l’or.  

Un pari audacieux, mais risqué 

Trump fait du Trump, déstabilisant et prenant tout le monde de court, mais la mise en place d’une telle réserve numérique ne sera pas sans obstacle. La volatilité intrinsèque des cryptos, la place de la régulation et les débats toujours brûlants autour d’un éventuel dollar numérique font de ce projet un pari à haut risque. Sans parler de la zone floue de conflits d'intérêts multiples auxquels il est d'ores et déjà exposé et qui pourrait constituer l'un des plus grands délits d'initié de tous les temps.

Toutefois, si l’intuition de Trump s’avère juste, il pourrait bien anticiper l’une des plus grandes mutations économiques de la décennie. Car voici la réalité : les cryptomonnaies ne veulent plus se contenter d’être une classe d’actifs alternative. Elles ambitionnent désormais de devenir des piliers centraux du système monétaire mondial, et l’enjeu pour les grandes puissances est de savoir qui en prendra le contrôle.  

Trump a choisi son camp. Les États-Unis doivent non seulement accepter, mais aussi capter la puissance économique du Web3. Que l’on soit d’accord ou non avec lui, une chose est sûre : avec ou sans lui, le virage crypto des États-Unis est désormais inévitable.

Animé par la mission de rendre la finance et l'économie plus claires et accessibles, Tristan aide à décrypter les tendances complexes et à explorer des voies alternatives pour répondre aux enjeux globaux de demain. Expert en finance durable, économie et transition énergétique, il partage ses analyses pour participer à la prise de conscience des enjeux et au progrès sociétal.

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Quand la Maison-Blanche joue la carte Bitcoin : la guerre monétaire numérique est lancée

Publié le
March 5, 2025
, mis à jour le
5/3/25
March 5, 2025

Donald Trump remet une pièce dans la machine crypto. Non content d’avoir longtemps affiché son scepticisme vis-à-vis du Bitcoin, le nouveau président envisage désormais de constituer une réserve stratégique d’actifs numériques pour les États-Unis. Bitcoin, Solana, XRP et Cardano pourraient ainsi être collectés et stockés par l’État américain, à l’image des réserves de pétrole. Derrière cette annonce, se dessine une stratégie géopolitique et économique plus large : dominer le marché des monnaies numériques face à la Chine et préparer l’économie américaine aux mutations technologiques à venir. Un virage majeur qui pourrait redéfinir le rôle des cryptos dans le système financier international.  

Trump, Bitcoin et la guerre économique du futur 

Donald Trump n’a jamais été un grand fan du Bitcoin. Il l’a dit, redit, tweeté, et son administration n’a pas toujours brillé par sa bienveillance envers les cryptomonnaies. Et pourtant, voilà qu'il envisage une politique radicalement différente : baptiser certaines grandes cryptos comme actifs stratégiques de la puissance américaine.  

Le projet ? Créer une réserve nationale d’actifs numériques. Une idée qui tranche pourtant avec la posture républicaine classique qui envisage les cryptos comme des actifs market-driven, non étatiques. Mais cette fois, la dynamique est différente : il ne s’agit pas de réguler, mais de conserver.  

Pourquoi un tel revirement ? D’abord, l’influence grandissante de la Chine dans la finance numérique inquiète Washington. Pékin a lancé le digital yuan, sa propre monnaie numérique souveraine qui s’impose progressivement dans le commerce international, notamment avec les BRICS. Ensuite, la montée en puissance d’actifs comme Bitcoin, Solana et XRP dans l’économie mondiale force les États-Unis à s’adapter à une transformation inévitable.  

L’administration Trump veut donc anticiper et sécuriser l’avenir en dotant le pays d’une réserve stratégique de cryptomonnaies, à l’image du Strategic Petroleum Reserve qui constitue un stock national de pétrole brut en cas de crise énergétique. Une vision à contre-courant des politiques monétaires actuelles, mais qui pourrait s’avérer audacieuse voire prophétique.  

Les cryptos choisies par Trump : simple hasard ou stratégie bien pensée ?  

Une question doit être posée : pourquoi ces cryptomonnaies en particulier ? Solana (SOL), XRP et Cardano (ADA) font partie des candidats potentiels pour cette réserve numérique, aux côtés du Bitcoin. Cela démontre un changement de paradigme : les cryptos ne sont plus vues uniquement comme des actifs spéculatifs, mais bien comme des ressources stratégiques d’un nouvel ordre financier digitalisé.  

Mais les choix sont loin d’être anodins. Bitcoin domine le marché et s’impose comme la référence incontestée. Solana, avec son architecture ultra-rapide, séduit de plus en plus les investisseurs institutionnels. XRP, lui, est en plein bras de fer avec la SEC américaine mais reste un élément clé pour les paiements transfrontaliers menaçant à terme de reléguer SWIFT aux oubliettes. Quant à Cardano, il est souvent adoubé pour son approche scientifique et ses infrastructures solides.  

Avec cette sélection, Washington envoie un message fort : les cryptomonnaies seront des outils économiques et géopolitiques incontournables dans la décennie à venir. L’administration Trump veut s’assurer que le pays maîtrise à la fois la technologie sous-jacente et les effets d’une monétisation numérique à grande échelle.  

Une riposte face à la Chine ?  

Impossible de ne pas analyser cette initiative sous l’angle de la rivalité américano-chinoise. D’un côté, la Chine bannit le minage de Bitcoin sur son sol tout en développant une monnaie numérique souveraine. De l’autre, les États-Unis hésitent encore sur la direction à prendre, entre régulation stricte, adoption partielle et maintenant création d’une réserve.  

Le yuan numérique pose une menace potentielle aux systèmes financiers dominés par le dollar. Si Pékin parvient à imposer son actif numérique comme monnaie d’échange internationale, notamment via les pays émergents et les BRICS, l’hégémonie du dollar pourrait vaciller.  

Le projet d’une réserve de cryptos pourrait être une manière habile de sécuriser un levier d’influence économique sans pour autant se lancer dans l’émission d’un dollar numérique (CBDC). Une façon pour Trump de couper l’herbe sous le pied de la FED et d’imposer une approche privatisée de la finance numérique à l’inverse du modèle chinois centralisé.  

Un autre facteur, plus subtil mais tout aussi important, est la présence de lobbying crypto croissant auprès des dirigeants américains. Faut-il voir dans cette décision une simple manœuvre électorale pour séduire l’écosystème Web3 ? Peut-être. Toujours est-il que les enjeux technologiques et monétaires sont colossaux, et que l'administration Trump semble déterminée à ne pas laisser la Chine mener seule la danse.  

Quels impacts pour le marché crypto et la finance traditionnelle ? 

L’annonce a déjà provoqué une onde de choc sur le marché. Les actifs mentionnés dans les débats politiques ont bénéficié d’un léger pump, signe que les investisseurs perçoivent cette adoption institutionnelle comme un signal haussier. Si l’initiative venait à se concrétiser, cela changerait durablement la perception des cryptos vis-à-vis du grand public et des investisseurs institutionnels.  

Il ne faut pas non plus sous-estimer les répercussions sur la régulation. Si un État comme les États-Unis commence à accumuler des cryptomonnaies dans une réserve officielle, cela pourrait indirectement légitimer leurs usages, poussant à une acceptation législative plus large.  

Le marché pourrait aussi connaître un effet d’entraînement : si l’État américain considère Bitcoin, Solana ou XRP comme des valeurs refuges, d’autres grandes institutions pourraient accélérer leur adoption. À terme, la finance traditionnelle pourrait être amenée à intégrer des cryptomonnaies comme des actifs stratégiques semblables à l’or.  

Un pari audacieux, mais risqué 

Trump fait du Trump, déstabilisant et prenant tout le monde de court, mais la mise en place d’une telle réserve numérique ne sera pas sans obstacle. La volatilité intrinsèque des cryptos, la place de la régulation et les débats toujours brûlants autour d’un éventuel dollar numérique font de ce projet un pari à haut risque. Sans parler de la zone floue de conflits d'intérêts multiples auxquels il est d'ores et déjà exposé et qui pourrait constituer l'un des plus grands délits d'initié de tous les temps.

Toutefois, si l’intuition de Trump s’avère juste, il pourrait bien anticiper l’une des plus grandes mutations économiques de la décennie. Car voici la réalité : les cryptomonnaies ne veulent plus se contenter d’être une classe d’actifs alternative. Elles ambitionnent désormais de devenir des piliers centraux du système monétaire mondial, et l’enjeu pour les grandes puissances est de savoir qui en prendra le contrôle.  

Trump a choisi son camp. Les États-Unis doivent non seulement accepter, mais aussi capter la puissance économique du Web3. Que l’on soit d’accord ou non avec lui, une chose est sûre : avec ou sans lui, le virage crypto des États-Unis est désormais inévitable.

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