politique

Entre rupture et continuité : comment Trump 2.0 veut redéfinir l'ordre mondial

Climat, immigration, technologie : le come-back politique de Trump s'annonce aussi spectaculaire que controversé.

Publié le
28/1/25
, mis à jour le
28/1/25
January 28, 2025

Donald Trump, tout juste réinvesti comme président des États-Unis en 2025, n'a pas tardé à imposer sa marque au fer rouge. Entre le rêve d’un âge d’or martien, des réformes choc sur l’immigration, et des décisions explosives sur le climat et la technologie, son retour sur la scène internationale ne laisse personne indifférent. Que signifient ses premiers gestes pour le futur de l'Amérique… et du monde ?

C'est une scène déjà gravée dans l’Histoire : devant un parterre d'officiels endimanchés, Donald Trump, jurant une nouvelle fois sur la Bible, marque un retour que peu auraient imaginé il y a à peine quelques années. En ce 20 janvier 2025, son discours d’investiture ne fut pas seulement une allocution protocolaire : c'était une déclaration de guerre politique, contre non seulement le status quo américain, mais aussi bon nombre des institutions et accords qui structurent l’ordre international. Pour ceux qui le soutiennent, le Trump 2.0 représente la promesse de l'ère américaine ultime. Pour ses détracteurs, il s'agit d'une dérive étourdissante dont les étincelles risquent de déclencher un incendie mondial.

Dès son entrée en fonction, Trump a prouvé que l’immobilisme ne faisait pas partie de son vocabulaire. Quelques heures à peine après avoir prêté serment, les stylos présidentiels griffonnaient à une cadence furieuse : sortie immédiate de l'accord de Paris sur le climat, suspension des droits du sol pour les enfants des immigrants illégaux, grâce présidentielle aux émeutiers du 6 janvier 2021… Le tableau des 100 premiers jours s’annonce déroutant, et l’onde de choc dépasse déjà largement les frontières américaines.

Retour à la conquête : Mars ou l'âge d'or revisité 

Dans un élan digne de Kennedy, Donald Trump ne cache pas son ambition de conquérir une nouvelle frontière : Mars. Durant son discours d’investiture, il a évoqué une « ère glorieuse de l'exception américaine », avec en point de mire une mission habitée sur la planète rouge avant la fin de son mandat. S'appuyant sur le nationalisme technologique, il promet un programme spatial intégralement américain, dédaignant toute collaboration multinationale, jugée contre-productive. Pour ses partisans, il s'agit d’un défi inspirant, apte à générer des avancées scientifiques et industrielles colossales. Mais pour ses opposants, c’est un projet pharaonique à l'éthique douteuse, prélevé sur la sueur des contribuables et destiné à servir l’ego.

Mars devient alors un symbole politique, éclipsant jusqu’aux querelles terrestres. L’avenir dira si cette quête d’une nouvelle "frontière" portera ses fruits, mais une chose est sûre : pour Trump, elle est avant tout une démonstration de la suprématie américaine, quitte à cliver l’opinion publique.

Immigration : la bataille culturelle 

Sur le front de l’immigration, le président a repris son bâton de maréchal, multipliant les annonces choc dès les premières heures de sa présidence. Principale cible : le "birthright citizenship", ce droit du sol qui garantit la citoyenneté à tout enfant né en territoire américain, quel que soit le statut migratoire de ses parents. À cela s'ajoute l'accélération de la construction du mur frontalier et la généralisation des expulsions expéditives.

Pour Trump, ces mesures sont la clé d'une sauvegarde identitaire et économique, un rempart face aux "envahisseurs" qui dilueraient selon lui la culture américaine. Pourtant, les effets concrets de cette politique divisent : si elle peut engendrer une baisse des flux migratoires illégaux, elle risque également de précipiter des crises humanitaires à ses frontières et d’attiser davantage les tensions sociales.

En insistant sur un "seuil zéro" pour l'immigration non réglementée, Trump joue une carte populiste puissante. Mais le calcul est risqué : il pourrait se heurter à des résistances juridiques, tout en compliquant les relations avec ses voisins sud-américains, déjà malmenées durant son premier mandat.

Rupture radicale sur la théorie du genre

Donald Trump a annoncé un changement radical en matière de politique sur le genre. Il a affirmé qu’il n’y aurait désormais "que deux sexes : masculin et féminin", critiquant la politique actuelle qu’il qualifie de "délire transgenre". Il a également dénoncé un système éducatif qui, selon lui, enseigne "la honte de soi-même" aux enfants. Un décret exécutif visera à "défendre les femmes face à l’extrémisme idéologique du genre" et à "restaurer la vérité biologique" dans les politiques fédérales.

Le retrait climatique: L’Amérique seule contre le monde 

Pour les écologistes, la sortie confirmée de l’Accord de Paris est probablement l’annonce la plus dévastatrice de ce début de mandat. Frontalement opposé à toute forme de régulation internationale sur le climat, Donald Trump rejette les engagements environnementaux comme des « freins à la prospérité industrielle ». C’est dans cette logique qu’il a rouvert le champ à une exploitation massive des ressources naturelles des États-Unis : forages pétroliers dans les parcs nationaux, subventions accrues aux énergies fossiles, et dénigrement systématique des énergies renouvelables.

L'ironie est mordante : alors qu'il vise les étoiles avec son programme spatial, Trump semble prêt à ignorer les urgences de la planète Terre. Pour ses partisans, cette approche promet des emplois manufacturiers stables, mettant fin à ce qu'ils considèrent comme une « tyrannie verte ». Pour ses critiques, c’est un véritable sabotage des efforts climatologiques mondiaux.

Plus inquiétant encore : en affaiblissant un acteur clé de la lutte contre le réchauffement, l’Amérique de Trump pourrait ouvrir la voie à une compétition environnementale délétère, où chaque nation privilégie son développement économique immédiat au détriment des mesures globales nécessaires.

Technologie et intrigues géopolitiques 

TikTok, c'est-à-dire la bataille pour la technologie et l'influence culturelle, est un autre champ de bataille où Trump a marqué son empreinte dès le premier jour. Accordant un délai à la plateforme avant une éventuelle interdiction pure et simple, il montre que, dans la nouvelle guerre froide technologique entre les États-Unis et la Chine, il est prêt à jouer les négociateurs… tout en gardant le doigt sur la gâchette économique.

Au-delà de l’application de vidéos, les enjeux symbolisent une lutte pour la suprématie technologique mondiale. Pour Trump, réduire la dépendance de l'Amérique aux technologies chinoises devient un impératif face à une Chine de plus en plus perçue comme un challenger global. Les prochaines étapes de cette politique pourraient inclure des sanctions étendues ou des mesures protectionnistes renforcées, exacerbant les tensions entre Washington et Pékin.

Entre promesses et périls 

Avec quelques heures au pouvoir, le Trump 2.0 affiche déjà une Amérique qui se replie sur elle-même... tout en voulant rayonner ailleurs. L'âge d'or annoncé au cours de son discours est riche de contradictions : un pays qui lorgne vers Mars tout en fermant ses frontières ; une économie résolument nationaliste qui entend dominer un monde qu'elle refuse de guider.

Mais ici réside toute la complexité et l’art de Trump. Ses politiques, échappant souvent à une lecture binaire, cristallisent des passions. Elles s’adressent à une base sur laquelle il peut compter, mais risquent de couper profondément l’Amérique en deux.

La vision trumpienne du futur repose sur un plaidoyer : une Amérique brillante jusque sur Mars, mais forte seulement pour ses propres intérêts. Reste à savoir si, à force de jouer son rôle, il ne rompra pas les fragiles équilibres mondiaux.

Animé par la mission de rendre la finance et l'économie plus claires et accessibles, Tristan aide à décrypter les tendances complexes et à explorer des voies alternatives pour répondre aux enjeux globaux de demain. Expert en finance durable, économie et transition énergétique, il partage ses analyses pour participer à la prise de conscience des enjeux et au progrès sociétal.

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Entre rupture et continuité : comment Trump 2.0 veut redéfinir l'ordre mondial

Publié le
January 28, 2025
, mis à jour le
28/1/25
January 28, 2025

Donald Trump, tout juste réinvesti comme président des États-Unis en 2025, n'a pas tardé à imposer sa marque au fer rouge. Entre le rêve d’un âge d’or martien, des réformes choc sur l’immigration, et des décisions explosives sur le climat et la technologie, son retour sur la scène internationale ne laisse personne indifférent. Que signifient ses premiers gestes pour le futur de l'Amérique… et du monde ?

C'est une scène déjà gravée dans l’Histoire : devant un parterre d'officiels endimanchés, Donald Trump, jurant une nouvelle fois sur la Bible, marque un retour que peu auraient imaginé il y a à peine quelques années. En ce 20 janvier 2025, son discours d’investiture ne fut pas seulement une allocution protocolaire : c'était une déclaration de guerre politique, contre non seulement le status quo américain, mais aussi bon nombre des institutions et accords qui structurent l’ordre international. Pour ceux qui le soutiennent, le Trump 2.0 représente la promesse de l'ère américaine ultime. Pour ses détracteurs, il s'agit d'une dérive étourdissante dont les étincelles risquent de déclencher un incendie mondial.

Dès son entrée en fonction, Trump a prouvé que l’immobilisme ne faisait pas partie de son vocabulaire. Quelques heures à peine après avoir prêté serment, les stylos présidentiels griffonnaient à une cadence furieuse : sortie immédiate de l'accord de Paris sur le climat, suspension des droits du sol pour les enfants des immigrants illégaux, grâce présidentielle aux émeutiers du 6 janvier 2021… Le tableau des 100 premiers jours s’annonce déroutant, et l’onde de choc dépasse déjà largement les frontières américaines.

Retour à la conquête : Mars ou l'âge d'or revisité 

Dans un élan digne de Kennedy, Donald Trump ne cache pas son ambition de conquérir une nouvelle frontière : Mars. Durant son discours d’investiture, il a évoqué une « ère glorieuse de l'exception américaine », avec en point de mire une mission habitée sur la planète rouge avant la fin de son mandat. S'appuyant sur le nationalisme technologique, il promet un programme spatial intégralement américain, dédaignant toute collaboration multinationale, jugée contre-productive. Pour ses partisans, il s'agit d’un défi inspirant, apte à générer des avancées scientifiques et industrielles colossales. Mais pour ses opposants, c’est un projet pharaonique à l'éthique douteuse, prélevé sur la sueur des contribuables et destiné à servir l’ego.

Mars devient alors un symbole politique, éclipsant jusqu’aux querelles terrestres. L’avenir dira si cette quête d’une nouvelle "frontière" portera ses fruits, mais une chose est sûre : pour Trump, elle est avant tout une démonstration de la suprématie américaine, quitte à cliver l’opinion publique.

Immigration : la bataille culturelle 

Sur le front de l’immigration, le président a repris son bâton de maréchal, multipliant les annonces choc dès les premières heures de sa présidence. Principale cible : le "birthright citizenship", ce droit du sol qui garantit la citoyenneté à tout enfant né en territoire américain, quel que soit le statut migratoire de ses parents. À cela s'ajoute l'accélération de la construction du mur frontalier et la généralisation des expulsions expéditives.

Pour Trump, ces mesures sont la clé d'une sauvegarde identitaire et économique, un rempart face aux "envahisseurs" qui dilueraient selon lui la culture américaine. Pourtant, les effets concrets de cette politique divisent : si elle peut engendrer une baisse des flux migratoires illégaux, elle risque également de précipiter des crises humanitaires à ses frontières et d’attiser davantage les tensions sociales.

En insistant sur un "seuil zéro" pour l'immigration non réglementée, Trump joue une carte populiste puissante. Mais le calcul est risqué : il pourrait se heurter à des résistances juridiques, tout en compliquant les relations avec ses voisins sud-américains, déjà malmenées durant son premier mandat.

Rupture radicale sur la théorie du genre

Donald Trump a annoncé un changement radical en matière de politique sur le genre. Il a affirmé qu’il n’y aurait désormais "que deux sexes : masculin et féminin", critiquant la politique actuelle qu’il qualifie de "délire transgenre". Il a également dénoncé un système éducatif qui, selon lui, enseigne "la honte de soi-même" aux enfants. Un décret exécutif visera à "défendre les femmes face à l’extrémisme idéologique du genre" et à "restaurer la vérité biologique" dans les politiques fédérales.

Le retrait climatique: L’Amérique seule contre le monde 

Pour les écologistes, la sortie confirmée de l’Accord de Paris est probablement l’annonce la plus dévastatrice de ce début de mandat. Frontalement opposé à toute forme de régulation internationale sur le climat, Donald Trump rejette les engagements environnementaux comme des « freins à la prospérité industrielle ». C’est dans cette logique qu’il a rouvert le champ à une exploitation massive des ressources naturelles des États-Unis : forages pétroliers dans les parcs nationaux, subventions accrues aux énergies fossiles, et dénigrement systématique des énergies renouvelables.

L'ironie est mordante : alors qu'il vise les étoiles avec son programme spatial, Trump semble prêt à ignorer les urgences de la planète Terre. Pour ses partisans, cette approche promet des emplois manufacturiers stables, mettant fin à ce qu'ils considèrent comme une « tyrannie verte ». Pour ses critiques, c’est un véritable sabotage des efforts climatologiques mondiaux.

Plus inquiétant encore : en affaiblissant un acteur clé de la lutte contre le réchauffement, l’Amérique de Trump pourrait ouvrir la voie à une compétition environnementale délétère, où chaque nation privilégie son développement économique immédiat au détriment des mesures globales nécessaires.

Technologie et intrigues géopolitiques 

TikTok, c'est-à-dire la bataille pour la technologie et l'influence culturelle, est un autre champ de bataille où Trump a marqué son empreinte dès le premier jour. Accordant un délai à la plateforme avant une éventuelle interdiction pure et simple, il montre que, dans la nouvelle guerre froide technologique entre les États-Unis et la Chine, il est prêt à jouer les négociateurs… tout en gardant le doigt sur la gâchette économique.

Au-delà de l’application de vidéos, les enjeux symbolisent une lutte pour la suprématie technologique mondiale. Pour Trump, réduire la dépendance de l'Amérique aux technologies chinoises devient un impératif face à une Chine de plus en plus perçue comme un challenger global. Les prochaines étapes de cette politique pourraient inclure des sanctions étendues ou des mesures protectionnistes renforcées, exacerbant les tensions entre Washington et Pékin.

Entre promesses et périls 

Avec quelques heures au pouvoir, le Trump 2.0 affiche déjà une Amérique qui se replie sur elle-même... tout en voulant rayonner ailleurs. L'âge d'or annoncé au cours de son discours est riche de contradictions : un pays qui lorgne vers Mars tout en fermant ses frontières ; une économie résolument nationaliste qui entend dominer un monde qu'elle refuse de guider.

Mais ici réside toute la complexité et l’art de Trump. Ses politiques, échappant souvent à une lecture binaire, cristallisent des passions. Elles s’adressent à une base sur laquelle il peut compter, mais risquent de couper profondément l’Amérique en deux.

La vision trumpienne du futur repose sur un plaidoyer : une Amérique brillante jusque sur Mars, mais forte seulement pour ses propres intérêts. Reste à savoir si, à force de jouer son rôle, il ne rompra pas les fragiles équilibres mondiaux.

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