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De 1929 à 2025, jeudi noir, subprimes, Trump krach : L’histoire tourmentée des marchés financiers

Comprendre les erreurs du passé nous prépare-t-il vraiment à affronter la prochaine tempête financière ?

Publié le
10/4/25
, mis à jour le
10/4/25
April 10, 2025

Panique, ruines et renaissance. Les krachs boursiers jalonnent l’histoire moderne comme autant de secousses rappelant la fragilité des marchés et l’importance des comportements humains dans les cycles économiques. Du « jeudi noir » de 1929 à un hypothétique « Trump Krach » en 2025, retour sur ces événements marquants, leur mécanique tragique et les signaux qui, souvent, avaient été ignorés. Car comprendre hier, c’est peut-être éviter demain.

Un jour, tout semble aller pour le mieux. Les indices grimpent, la croissance est là, les bilans d’entreprise prospèrent, les unes des journaux célèbrent la vigueur retrouvée de l’économie. Et le lendemain, c’est le gouffre : les cours s’effondrent en rafale, les investisseurs hurlent à la panique, les banques centrales décrochent leur téléphone rouge. On appelle cela un krach. Et si chaque crise boursière est unique par sa forme et son contexte, la plupart obéissent, à y regarder de plus près, à des logiques récurrentes.

La comparaison entre les grandes secousses de Wall Street donne souvent froid dans le dos. D’autant qu’en cette année 2025, certains analystes commencent à agiter un nom évocateur : le « Trump krach ». L’annonce brutale d’une salve de droits de douane par les États-Unis, conjuguée à un climat mondial déjà fébrile, a fait tanguer les marchés mondiaux — comme si les souvenirs des bulles éclatées se réveillaient… Mais prenons le temps de revenir là où tout a commencé.

1929 : Le Jeudi noir ou la chute d’un rêve américain

24 octobre 1929. Le « jeudi noir ». Ce jour-là, plus de 12 millions d'actions sont échangées à la Bourse de New York. Une panique hors norme. Les prix s’effondrent si brutalement que des groupes de banquiers sont appelés au chevet de Wall Street pour tenter d’éviter le naufrage. En vain. Les jours suivants, la panique embrase l'ensemble du marché. À l’origine ? Une spéculation effrénée, nourrie par un accès facilité au crédit. Les ménages investissent en masse sans réelles garanties, convaincus que la Bourse ne peut que monter. Mais les signes avant-coureurs étaient là : ralentissement industriel, stagnation des salaires, bulles sectorielles… en toile de fond, l’Amérique s’est enivrée d’optimisme. Elle se réveillera groggy, avec vingt ans de crise financière et géopolitique à la clé.

La crise de 1929 a laissé un traumatisme profond. Elle a mis fin à une décennie folle, généré des dépressions massives, conduit à des faillites bancaires en chaîne et préparé, indirectement, le terrain aux bouleversements politiques des années 30. L’économie mondiale a dû attendre la Seconde Guerre mondiale pour relancer ses moteurs.

1987 : Le Krach d’octobre, ou le bug du marché

Black Monday. Encore une couleur sombre pour un lundi noir. Le 19 octobre 1987, le Dow Jones perd 22,6 % en une seule journée : un record encore inégalé en termes de pourcentage de chute sur une séance. Pourquoi ? Parce qu’en 1987, une nouvelle ère est en marche. La finance découvre les algorithmes, les ordres automatiques de vente programmés à la milliseconde près. L’effet domino est dévastateur : une baisse déclenche une autre, puis une autre… en quelques heures, la peur se propage sur tous les continents.

Ce krach ne s’est pas accompagné d’une récession économique majeure, mais il a marqué un tournant. Il a mis à nu la vulnérabilité d’un système financier de plus en plus complexe, automatisé, interconnecté, et largement incompris par les régulateurs eux-mêmes. Dès lors, la question de la responsabilité des outils informatiques dans la survolatilité des marchés est posée.

2000 : La bulle Internet explose

À la fin des années 1990, la planète entière découvre le web. Les startups pleuvent sur le Nasdaq, les sociétés cotent en Bourse à peine constituées, sans chiffre d’affaires ni modèle économique viable. Tout le monde veut être le prochain Amazon — ou du moins y investir. Du côté des investisseurs, la peur de rater le coche l’emporte sur toute rationalité. Le terme FOMO, « fear of missing out », ne fleurit pas encore dans les bouches, mais l’attitude est exactement celle-là.

La bulle gonfle, jusqu’au point de rupture, atteint courant 2000. En quelques mois, c’est la débandade. Des dizaines de sociétés disparaissent, emportant à la fois leurs actionnaires, leurs employés et une part de l’enthousiasme technologique de l’époque. Le Nasdaq perd plus de 70 % de sa valeur entre 2000 et 2002. La vérité éclate brutalement : la valeur d’une entreprise ne peut reposer uniquement sur une promesse vague, même aussi séduisante qu’Internet.

2008 : La crise des subprimes ou la cupidité bancaire mise à nu

Il y a cette scène, célèbre, dans le film « The Big Short », où l’un des personnages découvre que des strip-teaseuses possèdent plusieurs maisons payées à crédit, sans aucune garantie. Surréaliste, mais tristement proche de la réalité. Dans les années 2000, le système financier américain s’est bâti sur un château de cartes : celui des subprimes, ces crédits immobiliers accordés à des emprunteurs peu ou pas solvables, titrisés, échangés, empaquetés, revendus… jusqu’à devenir un véritable poison systémique.

Tout s’est effondré en 2008. D’abord les ménages, dépassés par leurs remboursements, puis tout le système bancaire entraîné dans une spirale infernale. Lehman Brothers, une des plus grandes banques d’investissement, fait faillite, déclenchant une onde de choc mondiale. Le monde entre alors dans la pire crise économique depuis 1929. Des milliards sont engloutis pour sauver le système. Les banques centrales baissent leurs taux à zéro, injectent des quantités astronomiques de liquidités… Une décennie de taux bas est née.

Et maintenant ? La menace fantôme du Trump krach

Tout est langage. Y compris les surnoms qu’on donne aux crises économiques. Et à en croire certains économistes américains, une nouvelle crise pourrait bien se profiler sous le nom de « Trump krach ». Pourquoi ce nom ? Parce qu’en 2025, Donald Trump – ou un président qui s’en inspire – a relancé sélectivement des politiques tarifaires particulièrement agressives. En réaction à ce nouveau tour de vis protectionniste, les marchés ont commencé à plonger, anticipant une guerre commerciale coûteuse et largement contre-productive.

Les droits de douane massifs, initialement destinés à protéger l’industrie nationale, ont exacerbé les tensions commerciales mondiales. Les indices ont commencé à reculer face à la crainte d’un ralentissement mondial, d’un retour de l’inflation importée et d’un isolement américain rééditant les erreurs des années 30. Les investisseurs institutionnels, inquiets, ont réduit leur prise de risque. Les familles fortunées ont déplacé des capitaux vers des actifs tangibles. Et les signaux faibles, comme l’indice VIX ou l'élargissement des spreads de crédit, se sont allumés simultanément.

Alors bien sûr, il est encore prématuré de parler de crise effective. Mais les ingrédients sont là : marchés surévalués, niveaux de dette historiques, taux d’intérêt élevés, géopolitique incandescente, tentations populistes... Le parallèle avec les précédentes crises s’impose.

Les leçons auprès du précipice

Ces différentes crises nous enseignent plusieurs leçons fortes. D’abord, que les excès précèdent toujours les coups de tonnerre. Trop de crédit, trop d’euphorie, trop de facilités… chaque crise est le fruit d’une déconnexion croissante entre la réalité économique et la perception que les marchés en ont. Ensuite, que l’innovation — qu’elle soit technologique ou financière — porte en elle aussi bien des promesses que des risques. Les algorithmes ont accéléré les chutes. Les produits structurés ont dissimulé les faiblesses économiques. Les plateformes boursières actuelles, basées sur l’instantanéité, amplifient la panique comme jamais.

Enfin, les marchés financiers sont toujours politiques. L’erreur serait d’imaginer une place boursière autonome, déconnectée des décisions de ceux qui gouvernent. Le krach de 2025, s’il devait advenir, porterait la marque de choix politiques radicaux, portés par une vision troublionne de l'ordre mondial établi.

Animé par la mission de rendre la finance et l'économie plus claires et accessibles, Tristan aide à décrypter les tendances complexes et à explorer des voies alternatives pour répondre aux enjeux globaux de demain. Expert en finance durable, économie et transition énergétique, il partage ses analyses pour participer à la prise de conscience des enjeux et au progrès sociétal.

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De 1929 à 2025, jeudi noir, subprimes, Trump krach : L’histoire tourmentée des marchés financiers

Publié le
April 10, 2025
, mis à jour le
10/4/25
April 10, 2025

Panique, ruines et renaissance. Les krachs boursiers jalonnent l’histoire moderne comme autant de secousses rappelant la fragilité des marchés et l’importance des comportements humains dans les cycles économiques. Du « jeudi noir » de 1929 à un hypothétique « Trump Krach » en 2025, retour sur ces événements marquants, leur mécanique tragique et les signaux qui, souvent, avaient été ignorés. Car comprendre hier, c’est peut-être éviter demain.

Un jour, tout semble aller pour le mieux. Les indices grimpent, la croissance est là, les bilans d’entreprise prospèrent, les unes des journaux célèbrent la vigueur retrouvée de l’économie. Et le lendemain, c’est le gouffre : les cours s’effondrent en rafale, les investisseurs hurlent à la panique, les banques centrales décrochent leur téléphone rouge. On appelle cela un krach. Et si chaque crise boursière est unique par sa forme et son contexte, la plupart obéissent, à y regarder de plus près, à des logiques récurrentes.

La comparaison entre les grandes secousses de Wall Street donne souvent froid dans le dos. D’autant qu’en cette année 2025, certains analystes commencent à agiter un nom évocateur : le « Trump krach ». L’annonce brutale d’une salve de droits de douane par les États-Unis, conjuguée à un climat mondial déjà fébrile, a fait tanguer les marchés mondiaux — comme si les souvenirs des bulles éclatées se réveillaient… Mais prenons le temps de revenir là où tout a commencé.

1929 : Le Jeudi noir ou la chute d’un rêve américain

24 octobre 1929. Le « jeudi noir ». Ce jour-là, plus de 12 millions d'actions sont échangées à la Bourse de New York. Une panique hors norme. Les prix s’effondrent si brutalement que des groupes de banquiers sont appelés au chevet de Wall Street pour tenter d’éviter le naufrage. En vain. Les jours suivants, la panique embrase l'ensemble du marché. À l’origine ? Une spéculation effrénée, nourrie par un accès facilité au crédit. Les ménages investissent en masse sans réelles garanties, convaincus que la Bourse ne peut que monter. Mais les signes avant-coureurs étaient là : ralentissement industriel, stagnation des salaires, bulles sectorielles… en toile de fond, l’Amérique s’est enivrée d’optimisme. Elle se réveillera groggy, avec vingt ans de crise financière et géopolitique à la clé.

La crise de 1929 a laissé un traumatisme profond. Elle a mis fin à une décennie folle, généré des dépressions massives, conduit à des faillites bancaires en chaîne et préparé, indirectement, le terrain aux bouleversements politiques des années 30. L’économie mondiale a dû attendre la Seconde Guerre mondiale pour relancer ses moteurs.

1987 : Le Krach d’octobre, ou le bug du marché

Black Monday. Encore une couleur sombre pour un lundi noir. Le 19 octobre 1987, le Dow Jones perd 22,6 % en une seule journée : un record encore inégalé en termes de pourcentage de chute sur une séance. Pourquoi ? Parce qu’en 1987, une nouvelle ère est en marche. La finance découvre les algorithmes, les ordres automatiques de vente programmés à la milliseconde près. L’effet domino est dévastateur : une baisse déclenche une autre, puis une autre… en quelques heures, la peur se propage sur tous les continents.

Ce krach ne s’est pas accompagné d’une récession économique majeure, mais il a marqué un tournant. Il a mis à nu la vulnérabilité d’un système financier de plus en plus complexe, automatisé, interconnecté, et largement incompris par les régulateurs eux-mêmes. Dès lors, la question de la responsabilité des outils informatiques dans la survolatilité des marchés est posée.

2000 : La bulle Internet explose

À la fin des années 1990, la planète entière découvre le web. Les startups pleuvent sur le Nasdaq, les sociétés cotent en Bourse à peine constituées, sans chiffre d’affaires ni modèle économique viable. Tout le monde veut être le prochain Amazon — ou du moins y investir. Du côté des investisseurs, la peur de rater le coche l’emporte sur toute rationalité. Le terme FOMO, « fear of missing out », ne fleurit pas encore dans les bouches, mais l’attitude est exactement celle-là.

La bulle gonfle, jusqu’au point de rupture, atteint courant 2000. En quelques mois, c’est la débandade. Des dizaines de sociétés disparaissent, emportant à la fois leurs actionnaires, leurs employés et une part de l’enthousiasme technologique de l’époque. Le Nasdaq perd plus de 70 % de sa valeur entre 2000 et 2002. La vérité éclate brutalement : la valeur d’une entreprise ne peut reposer uniquement sur une promesse vague, même aussi séduisante qu’Internet.

2008 : La crise des subprimes ou la cupidité bancaire mise à nu

Il y a cette scène, célèbre, dans le film « The Big Short », où l’un des personnages découvre que des strip-teaseuses possèdent plusieurs maisons payées à crédit, sans aucune garantie. Surréaliste, mais tristement proche de la réalité. Dans les années 2000, le système financier américain s’est bâti sur un château de cartes : celui des subprimes, ces crédits immobiliers accordés à des emprunteurs peu ou pas solvables, titrisés, échangés, empaquetés, revendus… jusqu’à devenir un véritable poison systémique.

Tout s’est effondré en 2008. D’abord les ménages, dépassés par leurs remboursements, puis tout le système bancaire entraîné dans une spirale infernale. Lehman Brothers, une des plus grandes banques d’investissement, fait faillite, déclenchant une onde de choc mondiale. Le monde entre alors dans la pire crise économique depuis 1929. Des milliards sont engloutis pour sauver le système. Les banques centrales baissent leurs taux à zéro, injectent des quantités astronomiques de liquidités… Une décennie de taux bas est née.

Et maintenant ? La menace fantôme du Trump krach

Tout est langage. Y compris les surnoms qu’on donne aux crises économiques. Et à en croire certains économistes américains, une nouvelle crise pourrait bien se profiler sous le nom de « Trump krach ». Pourquoi ce nom ? Parce qu’en 2025, Donald Trump – ou un président qui s’en inspire – a relancé sélectivement des politiques tarifaires particulièrement agressives. En réaction à ce nouveau tour de vis protectionniste, les marchés ont commencé à plonger, anticipant une guerre commerciale coûteuse et largement contre-productive.

Les droits de douane massifs, initialement destinés à protéger l’industrie nationale, ont exacerbé les tensions commerciales mondiales. Les indices ont commencé à reculer face à la crainte d’un ralentissement mondial, d’un retour de l’inflation importée et d’un isolement américain rééditant les erreurs des années 30. Les investisseurs institutionnels, inquiets, ont réduit leur prise de risque. Les familles fortunées ont déplacé des capitaux vers des actifs tangibles. Et les signaux faibles, comme l’indice VIX ou l'élargissement des spreads de crédit, se sont allumés simultanément.

Alors bien sûr, il est encore prématuré de parler de crise effective. Mais les ingrédients sont là : marchés surévalués, niveaux de dette historiques, taux d’intérêt élevés, géopolitique incandescente, tentations populistes... Le parallèle avec les précédentes crises s’impose.

Les leçons auprès du précipice

Ces différentes crises nous enseignent plusieurs leçons fortes. D’abord, que les excès précèdent toujours les coups de tonnerre. Trop de crédit, trop d’euphorie, trop de facilités… chaque crise est le fruit d’une déconnexion croissante entre la réalité économique et la perception que les marchés en ont. Ensuite, que l’innovation — qu’elle soit technologique ou financière — porte en elle aussi bien des promesses que des risques. Les algorithmes ont accéléré les chutes. Les produits structurés ont dissimulé les faiblesses économiques. Les plateformes boursières actuelles, basées sur l’instantanéité, amplifient la panique comme jamais.

Enfin, les marchés financiers sont toujours politiques. L’erreur serait d’imaginer une place boursière autonome, déconnectée des décisions de ceux qui gouvernent. Le krach de 2025, s’il devait advenir, porterait la marque de choix politiques radicaux, portés par une vision troublionne de l'ordre mondial établi.

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